
Tribune. Les mesures relatives à la privatisation d’une partie de l’habitat social en vue de reconstituer les fonds propres des bailleurs pour permettre la construction de nouveaux logements sociaux n’ont pas été inventées par la loi Elan (Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique) votée en première lecture le 12 juin par les députés.
De telles cessions sont en fait possibles depuis 1965. En 2007, l’Union sociale pour l’habitat (USH) avait déjà signé avec l’Etat un accord fixant un objectif annuel de ventes de 1 % du parc HLM, soit environ 40 000 logements sociaux. Il est souvent avancé qu’un logement vendu permet d’en reconstruire trois nouveaux. L’exemple de certains bailleurs volontaristes en la matière l’illustre bien : la cession de 4 000 logements par la CDC Habitat en 2017 lui a permis de financer la construction de 15 000 logements.
Des objectifs loin d’être atteints
L’actuelle majorité compte développer la vente de logements sociaux pour des enjeux essentiellement financiers, là où Nicolas Sarkozy souhaitait avant tout favoriser l’essor d’une France de propriétaires. Le gouvernement entend inciter les bailleurs à récupérer 2 milliards d’euros par an pour leur permettre de faire face à un effort sans précédent d’économies de 1,5 milliard d’euros.
Mais le nombre de ventes HLM n’a jamais réellement décollé. Depuis dix ans, les objectifs fixés à l’USH sont loin d’être atteints, puisque seuls 8 000 logements ont été cédés l’an dernier. L’explication tient en trois raisons principales : tout d’abord, les locataires HLM ne disposent généralement pas des ressources financières suffisantes pour acheter leur logement ; ensuite, les bailleurs sociaux redoutent de se séparer de leurs « bijoux de famille » dans les quartiers les plus attractifs ; enfin, les élus locaux veulent éviter de baisser le taux de logements sociaux de leur ville compte tenu des efforts consentis depuis une vingtaine d’années pour se mettre…