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L’inconscient des maisons par Patrick Avrane, Psychanalyste.

Posté par Sophia le 2018-04-07
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Texte publié dans Constructif, la revue de réflexion de la Fédération Française du Bâtiment, intégralement reproduite sur www.constructif.fr. Un texte de Patrick Avrane, psychanalyste.

  

Une maison n’est pas un simple investissement financier car elle n’est pas faite que de pierre, de brique ou de béton. Elle porte les traces inconscientes de la vie de ceux qui l’habitent.

 

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Parmi les biens qui permettent de réaliser des placements financiers, certains sont également porteurs d’un investissement affectif. Acheter un bijou, collectionner des œuvres d’art, des timbres ou des louis d’or, ce n’est pas investir dans des actions ou un produit bancaire ; l’acquisition procure, de surcroît, un gain de plaisir, qui ne se mesure pas uniquement en valeur monétaire. Cependant, parmi tous ces biens spécifiques, l’un d’entre eux – le premier en quantité, et souvent le premier acquis au cours d’une vie – a une place très particulière : l’habitation, maison particulière ou appartement, fait partie de l’existence de chacun.

 

Ne pas en avoir semble impossible ; ainsi, ceux que l’on n’appelle plus clochards sont, par euphémisme, « sans domicile fixe », alors qu’en réalité ils n’ont aucun domicile.

  

Une maison natale

Le petit de l’homme vient au monde dans un certain état de détresse. Il quitte le ventre maternel, son abri, sa première maison, pour un espace où il est absolument incapable de vivre sans un entourage qui prenne soin de lui.

 

Selon Sigmund Freud, l’inventeur de la psychanalyse – cette recherche de ce qui est inconscient au sein de chacun de nous –, l’ontogenèse répétant la phylogenèse (l’histoire de la vie de chaque individu, celle de l’espèce humaine), le nouveau-né est à l’image de nos ancêtres préhistoriques confrontés à une nature sauvage et cruelle, se devant de chercher ou de construire un habitat protecteur. Toutefois, le nourrisson, qui n’est pas capable neurologiquement de maîtriser les gestes de ses bras ou de ses jambes, ne distingue pas pleinement, dans un premier temps, le monde extérieur de lui-même. Les mouvements de ses membres lui sont étrangers ; le sein ou le biberon qui calment sa faim font partie de lui.
Les soins maternels (ceux de sa mère ou de toute personne remplissant cette fonction) forment une enveloppe protectrice où le bébé va petit à petit – notamment parce qu’on le nourrit, on le change, on s’occupe de lui, non pas mécaniquement mais en réponse à son appel, ses pleurs – distinguer son corps propre de ce qui est en dehors de lui.

  

Un espace transitionnel

 

Cela passe par la constitution de ce que les psychanalystes nomment l’« espace transitionnel ». C’est un espace intermédiaire entre soi et le monde, celui de la familiarité, un lieu sans conflit, où se situe, pour le nourrisson, le mamelon ou bien la tétine qui le satisfont. En général, c’est aussi le lieu du « doudou », l’objet transitionnel pour les psychanalystes.

 

Il suffit de regarder comment un enfant use de cette chose très particulière qu’est un doudou, souvent en tissu, souple comme la peau, pour comprendre la dynamique de l’espace transitionnel. L’enfant n’est pas dupe, il sait que son doudou n’est pas plus un être vivant qu’il ne fait partie de lui. C’est sa possession initiale, il lui appartient ; il ne le trahit jamais, il peut le consoler ; c’est son abri plus que son ami.

 

Mais l’espace où évolue le doudou, c’est l’espace transitionnel. Ainsi, en l’emportant partout avec lui, l’enfant garde un peu de sa maison. Car la première représentation de ce lieu protecteur et familier, c’est la maison, et celle-ci en restera à jamais marquée, même à travers les déménagements, même si elle change. À partir du moment où l’on est dans sa maison s’y reconstitue en partie l’espace transitionnel, celui qui nous a permis de quitter l’abri du ventre maternel pour trouver un refuge face à l’étrangeté et à l’inconnu d’un monde extérieur que nous ne maîtrisons pas.

  

L’image du corps

 

En même temps que se constitue cet espace imaginaire incarné par la maison, la maturation neurologique du nourrisson – car, par rapport à d’autres mammifères, on peut considérer que l’homme naît prématuré – lui permet d’agir sur ses muscles, de coordonner les mouvements de son corps. Il lève la tête, la tient droite, s’assoit, se met debout, marche, parfois en commençant avec ses bras et ses jambes, et, à chaque fois appréhende d’une façon nouvelle son environnement, son habitat. Sa maison, après les bras de sa mère, c’est son berceau, son lit, sa chambre, l’appartement où il vit. Cette maturation physiologique associée à la découverte de l’espace qui l’entoure fait que l’image du corps du bébé – la représentation qu’il a de lui-même – et l’image de son habitation se créent en même temps.

 

Nous pouvons dire que l’enfant projette l’image de son corps sur sa maison. Cela aussi restera toujours inscrit de cette façon, sans que nous en ayons conscience. Il existe un inconscient de la maison.

  

Nous pouvons dire que l’enfant projette l’image de son corps sur sa maison.

 

On le vérifie plus tard, quand un enfant commence à dessiner. La maison qu’il représente rend compte de son image du corps. Les fenêtres sont les yeux qui permettent de voir, la porte est une bouche par où on entre, et une cheminée qui fume signifie qu’il y a de la vie. Quel que soit son habitat – appartement, pavillon… –, le plus souvent un enfant dessine une maison habituelle : un carré surmonté d’un triangle, avec des petits rectangles pour indiquer les ouvertures. Le grand carré est bien fermé, la maison bien close protège. Les psychanalystes peuvent interpréter les bizarreries d’un dessin de maison comme l’expression des difficultés d’un enfant. Une maison non terminée, à laquelle il manque un mur, des fenêtres complètement noircies, l’absence de la porte, sont alors à entendre, en fonction de chaque enfant, comme l’expression d’une angoisse d’abandon, d’une perte de protection, de choses qu’il ne faut pas voir, de craintes de ce qui pourrait pénétrer en soi, agresser.
On sait combien, à l’âge adulte, une maison exprime le rapport au monde de celui qui l’habite. Mais cette relation au monde est d’abord celle de notre propre corps à ce qui l’entoure. Une habitation verrouillée, cadenassée, ce n’est pas uniquement par crainte des voleurs, c’est la peur d’être agressé soi-même.

 

Le bébé découvre que son enveloppe, c’est sa peau – les psychanalystes parlent de « moi-peau » –, puisque l’espace qui l’entoure, qui le protège, sa maison, est comme une deuxième peau. Que nous le sachions ou non, nous l’avons intégré ; le moi-peau fait partie de nous. Notre maison le représente.

  

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Le socle archaïque

Nous avons ici affaire à ce que l’on peut appeler le socle archaïque de notre lien à la maison. Nous sommes bien loin des questions d’investissement financier, ne serait-ce que parce que l’argent n’existe pas pour un enfant – la véritable compréhension de la monnaie, avec ce que cela suppose de maîtrise des liens symboliques, n’arrive que beaucoup plus tard, ne prend son sens plein qu’à la fin de l’école primaire en France, vers 9-10 ans. Dans cette perspective, acheter sa maison, cela a sans doute à voir avec garantir son identité, se protéger, comme l’on dit : «sauver sa peau ».

 

Néanmoins, lorsqu’on achète une maison pour quelqu’un d’autre, pour la louer, cette dimension n’est pas absente. N’idéalisons pas : les propriétaires de biens immobiliers n’ont pas tous pour seule vocation de garantir le
bien-être de leurs locataires; mais ne dit-on pas des pires bailleurs qu’ils sont des « marchands de sommeil »?

 

Or, qu’est-ce que le sommeil sinon ce qui peut se produire lorsqu’il y a un minimum de protection ?

 

Acheter sa maison, cela a sans doute à voir avec garantir son identité, se protéger, comme l’on dit :« sauver sa peau».
Si le nouveau-né, le nourrisson puis le bébé découvre son être, imagine un espace transitionnel où il est en sécurité, projette l’image de son corps sur son habitat, distingue l’extérieur de l’intérieur, se situe dans l’enveloppe de son moi-peau et dans celle de sa maison, dans le même temps, il s’intègre dans une famille. Il est fils ou fille, petit-fils ou petite-fille, cousin ou cousine, il a des frères ou des sœurs. Il fait partie d’un ensemble où règnent des liens de dépendance – du jeune enfant à ses parents –, d’amour, d’entraide, de détestation parfois, où s’impose l’interdit de l’inceste. La maison contient une maisonnée, celle-ci occupe l’espace et y répartit les usages.

 

À travers les lieux de l’habitation, que cette dernière soit une demeure comprenant des parties séparées, ou bien une seule pièce – studio, loft, chambre – avec des coins distincts, l’enfant apprend la socialisation, les us et coutumes de la famille à laquelle il appartient, et même, au-delà, de sa propre culture.

  

Le corps de la maison

Pour les psychanalystes, la socialisation passe d’abord par le refoulement – l’interdiction puis l’oubli – et la
sublimation – la transformation en comportements acceptés et valorisés – de désirs infantiles considérés comme sans limites. Ainsi, le refoulement des désirs oraux implique que le bébé ne soit pas nourri sans cesse mais accepte les heures de repas ; leur sublimation, c’est la découverte du plaisir de mâcher, de goûter des aliments nouveaux.

 

Bien entendu, cela suit la maturation physiologique : la dentition pour la nourriture, la maîtrise sphinctérienne pour la propreté. L’organisation de la maison accompagne ce mouvement. Il y a en général un lieu pour cuisiner et manger, et surtout des lieux clos pour déféquer et uriner.

 

La socialisation implique de connaître et de suivre les règles de bienséance, de ce qui est autorisé ou non en public, de la pudeur au sens le plus large. Les relations sexuelles des parents se font dans l’intimité, et il y a au moins des moments où l’accès à leur chambre est prohibé. La nudité n’est guère acceptable à tout moment, l’exhibition a des effets néfastes pour un enfant, qui doit refouler ses désirs à l’égard de ses parents (chacun connaît le complexe d’Œdipe) ; la salle de bains est un lieu où il est possible d’être nu mais qui n’est pas complètement fermé, certains sont autorisés à y être en même temps, d’autres non. Nous comprenons que la maison devient alors l’équivalent d’un corps, pas uniquement l’image de son corps qu’y projette le bébé au fur et à mesure de ses explorations et de la maîtrise de sa motricité, mais un corps érogène, c’est-à-dire celui qui ressent des sensations, qui supporte des désirs.

 

C’est, en général, ce que symbolise une maison dans le rêve. « Celles qui ont des murs complètement lisses sont des hommes ; par contre celles qui sont pourvues de saillies et de balcons auxquels on peut se retenir sont des femmes », remarque Sigmund Freud. Cela est confirmé, ajoute-t-il, par la langue populaire allemande : d’une femme à la poitrine généreuse, on dit qu’elle a ce qu’il faut pour qu’on s’y retienne. Le français est encore plus explicite avec l’expression : « Il y a du monde au balcon! ».

 

C’est en percevant les différents espaces de la maison qu’un enfant acquiert cet autre temps de la socialisation qui lui permet de se repérer entre les différents membres de sa famille.

  

Espace social

Cependant, nous l’avons souligné, une maison, en règle générale, abrite un groupe familial plus ou moins étendu. C’est en percevant les différents espaces de la maison qu’un enfant acquiert cet autre temps de la socialisation qui lui permet de se repérer entre les différents membres de sa famille, de distinguer ceux qui en font partie de ceux qui lui sont extérieurs, et de comprendre les multiples degrés d’intimité ou de proximité entre les personnes.
Il y a les habitants de la maison qui, souvent, ont des pièces réservées (chambre, bureau, atelier…), et les visiteurs. Ceux-ci sont reçus sur le pas de la porte, dans une pièce commune ou dans une pièce de réception ouverte pour l’occasion ; certains ont accès à tout l’espace. Il y a les livreurs, les amis et connaissances, les autres membres de la famille. Il y a également, au sein de l’habitation familiale, les pièces partagées, les espaces de circulation, toute
une géographie des frontières qui n’est pas fixe mais évolutive. On sait, par exemple, combien, au moment
de l’adolescence, la chambre peut devenir un lieu sacré, un espace interdit aux autres, pour le jeune homme ou la jeune fille. Et lorsqu’un membre du groupe part, sa chambre peut être conservée tel un mausolée ou être immédiatement réinvestie. Ainsi, l’état d’une maison est sans doute un excellent indicateur de la dynamique familiale.

Une nouvelle identité

Néanmoins, lorsqu’un enfant quitte la maison familiale, c’est le plus fréquemment pour en habiter une autre, la partager avec une compagne ou un compagnon. Le moment de l’achat coïncide alors avec la fondation d’une nouvelle famille. C’est le temps des transactions, des compromis, pas uniquement financiers mais aussi affectifs, car chacun vient avec sa propre maison inconsciente, et l’entente d’un couple se mesure à la capacité d’accord sur la forme de la
maison, la répartition des espaces, l’ouverture, la fermeture, le fonctionnement de la nouvelle habitation.

 

C’est-à-dire que, dans ce moment particulier, est remis en jeu tout ce que nous avons vu concernant nos limites. Engager une relation amoureuse qui conduit à la mise en commun d’une habitation, c’est réinterroger ses propres enveloppes, son moi-peau, sa maison natale, c’est partager un espace transitionnel, et laisser la possibilité qu’un nouveau petit être y voie le jour.

 

C’est aussi se forger une nouvelle identité, car n’oublions pas que, malgré la diffusion des adresses électroniques et des téléphones mobiles, l’adresse du domicile est un élément majeur de la reconnaissance. Ainsi, acheter une maison, ce n’est pas un simple investissement financier, car une maison n’est pas faite que de pierres, de briques ou de béton. Elle porte les traces inconscientes de la vie de ceux qui l’habitent.

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